Dans la continuité transfrontalière, quelles perspectives concrètes pour ces 3 niveaux ?

La connaissance Transfrontalière

Résultats de cet atelier

La personne

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Les acteurs

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Intervention de Madame C. Nigot - Belgique

La psychiatrie en Belgique prend son essor au 19ème siècle, elle est confiée chez nous essentiellement à des institutions religieuses, notamment les Frères de la Charité de Gand, et/ou au pouvoir communal.

Jusque-là, les personnes souffrant de troubles psychiques étaient considérées comme « possédées par le démon », et elles étaient de surcroît mêlées intrinsèquement aux personnes souffrant de déficiences diverses, de personnes en errance sociale et rejetées par la société.

Il faudra attendre l'après-guerre et les années 1950 et 60 pour que la découverte de nouveaux médicaments amène un regard « soignant » et plus seulement le souci de contention et de protection de la société.

Personnages-clés :

Moments-clés :

Depuis avènement de plus en plus marqué, d'une psychiatrie centrée sur le patient et la prise en charge « hors les murs » : essor de différentes thérapeutiques et l'ouverture vers l'extérieur. Récemment (2019), création par le CNP St Martin à Dave, d'un hôpital de jour en région rurale (Ciney).

2011 : Réforme de la psychiatrie et de la santé mentale (Réforme dite « Psy 107 en référence à un article de loi) : création des réseaux car constat

  1. Il y a trop de lits psychiatriques pour le nombre d'habitants
  2. Ils sont occupés trop longtemps
  3. Les usagers ne sont pas représentés

D'où, création d'équipes mobiles et d'un réseau de partenaires (en ce compris les usagers) dans les 5 secteurs suivants :

  1. La première ligne de soins : aide aux familles, médecins généralistes, services d'urgences des hôpitaux généraux, services de santé mentale, services psychosociaux, etc.
  2. Les équipes mobiles de crise, d'urgence, de longue durée : Pléiades (Psy 107), EMISM (en soutien à la première ligne de soin), SPAD Chalazes (service psychiatrique à domicile), L'impromptu (double diagnostic), L'@tribu mobile (équipe enfants/ados), Estim LG (équipe mobile internés), etc.
  3. L'insertion socio-professionnelle : FOREM, EFT (Entreprises de Formation par le Travail), Centres de formation professionnelle, etc.
  4. L'hospitalier et l'intensivité des soins : hôpitaux généraux disposant d'un service de psychiatrie et hôpitaux psychiatriques.
  5. Le logement : les AIS (Agences Immobilières Sociales), le logement social, les services d'accompagnement, etc.

2015 : Réforme des soins en santé mentale pour enfants et ados : transversale et associant d'emblée tous les personnels concernés par les problématiques d'enfants/ados : aide à la jeunesse, services pédopsy, services de lutte contre la maltraitance, etc. Création de la « Nouvelle politique » suivant les 3 axes décrits ci-dessous :

  1. Santé mentale et psychiatrie : services K, Convention INAMI, SSM, équipes mobiles.
  2. Services psycho-médico-sociaux : services de pédiatrie des hôpitaux généraux, ONE et Equipes SOS Enfants, Aide et Protection judiciaire, secteur Handicap.
  3. Société civile : CPMS/SPSE (aide scolaire, service de Promotion de la santé, AMO (aide en milieu ouvert), enseignement inclusif et spécialisé, etc.
  4. Représentants des jeunes (au sens large)

En préparation, réforme des soins en santé mentale pour PA qui collerait à la réforme adulte.

Parallèlement dans les années 1960, création des dispensaires d'hygiène mentale qui offrent à la population une aide ambulatoire, et dans la mouvance de l'après mai 68, essor au sein de ceux-ci, de la psychanalyse qui sera complétée par la suite, par la psychologie systémique et familiale. Et plus récemment par la psychologie comportementale ainsi que les neurosciences. Développement dès l'AR de 1975, d'une réelle clinique ambulatoire, pour les enfants et pour les adultes.

Dates-clés :

Il s'agit d'équipes pluridisciplinaires composées de psychologue, travailleur social, secrétaire/fonction d'accueil, logopède (orthophoniste), psychomotricien, art-thérapeute parfois, travaillant sous la responsabilité d'un médecin psychiatre et/ou pédopsychiatre.

Et plus récemment, création de clubs thérapeutiques, développement d'activités de groupe et d'activités en lien avec l'extérieur (Ex. : Centres culturels, etc. où les personnes peuvent créer et recréer du lien et parler de leur parcours de vie), déplacement des personnels - y compris psychologique et psychiatrique - vers et sur les lieux de vie des patients (Relais sociaux et de santé, Maison de l'Adolescence, etc.). Les SSM ouvrent la « consultation » en allant à la rencontre des personnes en difficulté.

L'objectif des réformes actuelles en psychiatrie et en santé mentale est de traiter les personnes dans leur milieu de vie autant que possible, ainsi que d'associer davantage pour ce faire, tous les acteurs du soin, y compris ceux qui ne sont pas reconnus et définis comme tels stricto sensu, tels les services d'aide à domicile, les services sociaux (CPAS), etc.

Les hospitalisations seraient alors de plus courte durée quand elles s'avèrent indispensables et/ou réservées aux situations les plus graves : mises en observation, modification de traitements lourds, etc.

Manques et carences constatés : Malheureusement ces réformes ne couvrent pas encore l'ensemble des régions et en Province de Namur, elles sont quasiment inexistantes (ou sans relais) dans les endroits les plus reculés, déjà beaucoup moins bien desservis en termes d'infrastructures et de mobilité. Et lorsque les situations sont ou deviennent très complexes, on reste encore et toujours sans solution réelle même si la création de poste de « case-management » au sein des réseaux, aide les intervenants dans leur recherche de réponses concrètes.

De surcroît, il faudrait bien redéfinir les notions d'empowerment et d'autonomie dans lesquelles la majorité des personnes en situation de grande précarité (qu'elle soit sociale, psychique, financière...) ne se retrouve pas toujours ? Et ce, pour ne pas stigmatiser les « bons » patients (ceux qui sont compliants aux aides proposées) et les autres !

L'absence de logements de qualité à prix abordable pour des populations en difficultés de santé mentale. Et non seulement de logements mais le manque voire l'absence d'accompagnement pour ces personnes en souffrance psychique qui éprouvent du mal à “habiter“ leur logement, d'où les expulsions, etc.

En parallèle aux réformes, il faudrait s'atteler à réfléchir aux possibilités de réserver des logements accompagnés (à l'instar de ce qui se fait pour les personnes souffrant d'un handicap) afin de développer une réelle politique ambulatoire. Tous les responsables d'hôpitaux psychiatriques en font le constat. Comment penser l'ambulatoire s'il n'y a pas de logements et de suivis adéquats ? Soit des patients poursuivent des hospitalisations qui ne sont plus justifiées par l'état psychique proprement dit, soit hélas, ils vont dans la rue... avant une autre hospitalisation... parfois contrainte !

Intervention de Madame V. Basseville - France

1 - Historique de la psychiatrie

Jusqu'à la fin du Moyen-Age, les infirmes et les invalides étaient intégrés aux pauvres et vivaient de la charité.

Au XV ème siècle, les invalides incapables de travailler ont été autorisés à mendier.

A-partir du XVII ème siècle, l'hôpital est devenu un lieu d'enfermement pour les infirmes ou les invalides. L'organisation des soins était centrée autour de l'asile. Les patients y étaient soignés, logés et y travaillaient dans des ateliers.

La révolution française de 1789 a reconnu une obligation de la société envers les infirmes ou invalides par la création d'aides caritatives.

Après la seconde guerre mondiale, on a assisté à la naissance du mouvement d'humanisation des hôpitaux. Ils sont passés d'une fonction asilaire d'accueil des plus pauvres à une mission de soins, offerte à tous.

Une circulaire de mars 1960 met en place la politique de secteur de la psychiatrie. L'hôpital est chargé de l'organisation administrative de la gestion de la maladie mentale, de l'accueil du patient, de son parcours de soins et de son accompagnement.

A partir des années 70, des mesures législatives se sont multipliées afin de rationaliser les dépenses de santé, d'améliorer la qualité des soins et leur accessibilité, et favoriser la reconnaissance de la personne handicapée devant bénéficier des mêmes droits et de la même vie sociale que toute autre personne, quel que soit son degré de limitation d'activité.

La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 portant sur l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées va réformer le concept d'intégration au profit de ceux d'inclusion, d'égalité de traitement et d'accessibilité. La notion de compensation du handicap apparaît avec un élargissement des aides et des nouvelles modalités pour leur détermination.

2 - L'organisation des soins psyhiatriques

La politique générale de santé est conduite par l'Etat qui délègue aux Agences Régionales de Santé (ARS) sa mise en œuvre depuis la loi Hôpital, Santé, Patients et Territoires (HPST) du 21 juillet 2009 qui réorganise l'ensemble du système de santé. L'ARS autorise, contrôle et tarifie l'ensemble des établissements et services de santé et médico-sociaux. Elle s'organise en délégations territoriales. L'ARS établi un Projet Régional de Santé (PRS) qui définit des objectifs pluriannuels d'actions et les moyens pour les atteindre de tous les établissements. Elle renforce les outils de pilotage (Schéma Régional d'Organisation Sanitaire, Schéma Régional d'Organisation Médico Social, schéma régional de prévention, contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens et programmes.)

Des Communautés Psychiatriques de Territoire (CPT) sont prévues pour permettre la mise en commun des moyens de plusieurs établissements autour d'un centre de référence. Cela favorise le développement de coopérations avec les divers établissements médicaux, médico-sociaux des secteurs publics et privés.

Le territoire a été découpé en secteurs géo-démographiques, en moyenne 1 secteur pour 56000 adultes (+ de 20 ans) et 49000 enfants (- de 20 ans.) Chaque secteur est rattaché à un centre hospitalier spécialisé ou général. L'activité développée est majoritairement « hors les murs », en ambulatoire, en Centre Médico Psychologique (CMP). Les soins psychiatriques libres ou sans consentement sont aussi réalisés en unité d'hospitalisation à temps plein, en Hôpital De Jour (HDJ) à temps partiel, en unité de moyen et long séjour, en Unité pour Malades Difficiles (UMD), au sein des urgences psychiatriques.

Il existe aussi des soins dans le secteur privé et au sein d'associations.

Les soins réalisés dans le secteur public ou privé sont pris en charge par la Sécurité Sociale et les complémentaires santé en fonction du plafond fixé et du contrat.

3 - La prise en charge des personnes

Le CMP est le pivot de la pratique de secteur psychiatrique public pour les adultes et le CMPP (Centre Médico Psycho Pédagogique) pour les enfants en souffrance psychique.

Son équipe est composée de psychiatres, psychologues, infirmiers, cadre de santé, assistant de service social, secrétaires.

Cette équipe pluridisciplinaire assure des consultations sur site ou en liaison au sein de structures sanitaires, sociales, médico-sociales implantées sur le secteur (services généraux hospitaliers, EHPAD, milieu pénitentiaire, structures de réinsertion,...) Elle organise une prise en charge globale de chaque personne accueillie autour d'un projet individualisé.

Les demandes de soins réalisées en CMP sont variées : soutien psychologique, Obligation de Soins, traitements.

L'équipe propose des activités thérapeutiques de groupes au sein du Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) pour favoriser et maintenir l'autonomie et le lien social des patients.

Des Equipes Mobiles Psychiatrie Précarité (EMPP) sont mises en place localement pour « aller vers » les personnes en grande précarité et en exclusion afin de favoriser l'accès aux soins. Elles interviennent en partenariat avec les institutions qui prennent en charge ce public et participent à leur projet de réinsertion.